mardi 31 mars 2015

Les ratés de l’assurance-vie sur Internet

Fonds en euros parmi les meilleurs, pas de ponction sur les versements, frais de gestion au plancher, arbitrages gratuits… pour disposer d’une assurance-vie performante, mieux vaut la souscrire sur Internet.
Plusieurs dizaines de contrats y sont proposés. Ils offrent même la plupart du temps une très large gamme de supports. Bref, de l’assurance-vie « 4 étoiles », mais vendue à bas coût, et accessible à partir de quelques centaines d’euros seulement.

Avec de tels atouts, la version Internet du placement préféré des Français aurait dû s’arracher comme des petits pains. Ce n’est pas le cas : « ils captent seulement 2 % de la collecte », indique Cyrille Chartier-Kastler, président du site Good value for money. Bien loin des 50 % collectés par les filiales bancaires, avec des produits moins concurrentiels.
Force est de reconnaître que l’assurance-vie sur Internet souffre de quelques ratés. Les difficultés commencent dès la souscription : la majorité des contrats ne peut pas, en effet, être ouverte en ligne. Il faut télécharger un dossier d’une trentaine de pages, l’imprimer, le compléter, signer les feuillets, puis renvoyer l’ensemble par courrier – avec copie d’une pièce d’identité – au courtier en ligne ou à l’assureur. Une démarche fastidieuse qui entraîne souvent un abandon en cours de route.
Unités de compte à risque
Seule une poignée de contrats offre la souscription « 100 % Web » grâce à la signature électronique, principalement dans les banques en ligne, auprès de qui les clients doivent fournir toutes les informations nécessaires pour ouvrir un compte bancaire. Longtemps les seuls à proposer cette option, les trois principaux acteurs de « l’e-assurance-vie » (Boursorama, Fortuneo et ING Direct) captent d’ailleurs près des trois quarts de ce marché.
Les courtiers indépendants commencent toutefois à s’y atteler. Altaprofits vient ainsi de développer son propre système de signature électronique pour un nouveau produit lancé avec Suravenir, Digital Vie.
Aviva, qui s’est associée récemment avec Assurancevie.com pour créer son premier contrat Internet, serait aussi sur le point de proposer ce service.
Seconde difficulté à résoudre pour les courtiers : aider leurs clients à bâtir une allocation d’actifs optimale – c’est-à-dire choisir la part allouée au fonds en euros garantis et celle aux unités de compte, qui sont à risque. Aujourd’hui rares sont ceux délivrant des conseils personnalisés : le particulier se retrouve bien souvent face à une liste de fonds longue comme un jour sans pain et doit lui-même sélectionner les supports. De quoi décourager les plus motivés.
Gestion déléguée
La plupart des courtiers tentent d’y pallier en recourant à des portefeuilles types selon une analyse du profil du client. L’arrivée des « fintech » (contraction de finance et technologie) pourrait lever une partie de ces difficultés. A partir de votre âge, patrimoine, niveau de risque accepté…, des algorithmes vous proposeront une allocation personnalisée, puis la mettront à jour au fil du temps. « C’est une révolution qui se prépare », se réjouit Edouard Michot, le président d’Assurancevie.com.
Quelques contrats en ligne ont trouvé une solution : la gestion déléguée, qui consiste à laisser le pilotage de l’épargne à un professionnel, en fonction de profils de risque déterminés. Chez Boursorama, qui a rendu cette gestion accessible à partir de 1 000 euros, le succès est au rendez-vous. « Depuis le début de l’année, un contrat sur trois est ouvert en gestion pilotée. Elle représente 50 % de notre collecte », se réjouit Benoît Grisoni, directeur de l’épargne dans la banque en ligne. Les performances de cette gestion (jusqu’à 8,55 % en 2014 pour une gestion offensive en 2014, après 9,18 % en 2013) sont, il est vrai, assez incitatives.
Enfin, les derniers choix stratégiques de l’assureur ACMN Vie, pourtant l’un des précurseurs sur le marché de l’assurance-vie en ligne, peuvent légitimement inquiéter les particuliers. La filiale du Crédit Mutuel Nord Europe a en effet décidé de fusionner son fonds en euros consacré à Internet, qui réalisait des gains largement supérieurs à la moyenne, avec son fonds en euros classique, aux performances sans éclats.
Le client Internet n’a pas eu son mot à dire. Le risque est maintenant que ces contrats n’évoluent plus – l’assureur ne faisant plus d’effort notamment sur le nombre de supports proposés. Même si la compagnie nous assure que « le canal Internet reste essentiel », cette annonce est un mauvais signal sachant qu’une fois ouvert un contrat d’assurance-vie n’est plus transférable.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire